Collectif national pour les droits des femmes

Violences

Affaire Strauss Kahn, communiqué de presse du Collectif national pour les Droits des Femmes

mardi 17 mai 2011

Cela fait deux jours que Dominique Strauss Kahn a été arrêté, inculpé puis incarcéré. Il a le droit à la présomption d’innocence, c’est une évidence. La justice américaine fera son travail et on sait qu’elle prend très au sérieux les affaires de violences sexuelles.

Mais depuis deux jours, à part de rares exceptions, la classe politique s’émeut sur le sort réservé à Dominique Strauss Kahn sans penser une seconde à la souffrance qu’endure cette femme qui a subi peut être une tentative de viol et une agression sexuelle. Notre pensée va donc vers elle car nous connaissons trop les ravages des violences sexuelles et ce d’autant plus quand elles ne sont pas reconnues : mort à petits feux, perte de l’instinct vital, dépression, etc. Nous connaissons trop bien tout ce qu’elle aurait à affronter comme parcours du combattant pour faire reconnaître le préjudice qu’elle aurait subi. Elle a droit à la présomption de victime.

Que les faits soient avérés ou pas, nous discernons dans les réactions de certains des ingrédients que nous rencontrons encore souvent quand nous accompagnons des femmes victimes de violences : mise en cause de la crédibilité de la victime , remarques déplacées sur sa qualité de femme de ménage, comme si la crédibilité d’une personne se mesurait à l’aune de son sexe et de sa classe sociale. Le tout accompagné de certaines réflexions sur la déformation supposée des Américains qui confondraient une séduction un peu insistante avec du harcèlement sexuel.... Il ne s’agit pas ici de drague mais de violences sexuelles supposées.

Indépendamment de l’affaire de Dominique Strauss Kahn, la France a toujours un problème avec son appréhension des violences faites aux femmes. La volonté politique d’une lutte claire et affirmée manque. Nous réclamons depuis 2006 une loi cadre contre les violences faites aux femmes comme en Espagne. Une loi a été votée en juillet 2010. Elle comporte certes des avancées, obtenues après une mobilisation acharnée, mais la législation demeure encore incomplète et l’application de cette loi semble, pour l’instant, pour le moins contrastée. Il nous reste vraiment du chemin à faire.....

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