Collectif national pour les droits des femmes

Éducation

Colloque 22-24 novembre 2010 à Toulouse

Former les enseignant-es à l’égalité filles / garçons : l’avenir

APPEL A COMMUNICATION

dimanche 4 juillet 2010

L’égalité entre les sexes à l’école est une préoccupation relativement
ancienne dans les textes officiels (arrêté de 1982 contre les préjugés
sexistes, 1ère convention en 1986). Cependant, divers rapports et
études dont ceux en 1995 à A. Juppé sur les manuels scolaires et de la Halde en 2008 sur les discriminations montrent la persistance de

stéréotypes sexués à l’école. Les nouvelles modalités d’accès à la
profession enseignante, en vigueur dès 2010, permettront-elles
l’intégration effective de la problématique du genre dans le système
éducatif français ?

Le colloque organisé à Toulouse du 22 au 24 novembre 2010 par l’IUFM Midi-Pyrénées et l’équipe Genre et Education vise à faire le point sur les expérimentations et recherches actuelles sur la formation des enseignant-es à l’égalité entre les sexes et à saisir l’opportunité de la réforme en cours pour formuler des propositions de formation. A cette fin, six thèmes seront privilégiés, qui passent en revue les différentes facettes de l’exercice du métier d’enseignant-e, dans la classe et dans l’établissement.

Genre et enseignement des disciplines

La Convention interministérielle de 2006 pour l’égalité entre les
filles et les garçons, les femmes et les hommes dans le système
éducatif préconise (§2.1) d’ « Intégrer dans les enseignements
dispensés, la thématique de la place des femmes et des hommes dans la société » et en particulier de « développer la thématique de l’égalité entre les sexes » et de « valoriser le rôle des femmes dans les
enseignements dispensés »

Cette thématique, quand elle est abordée, l’est en général dans les
heures de vie de classe, à propos d’orientation ou d’éducation à la
citoyenneté. Dans les manuels, elle consiste souvent en l’ajout d’un
paragraphe consacré aux femmes, sans rien changer au reste.
Ce qui nous intéresse ici, ce sont les tentatives pour introduire la
thématique dans l’enseignement même de la discipline. Quelles
modifications sont-elles induites ? Comment par exemple intégrer les
travaux de Michèle Perrot à l’enseignement de l’histoire ? Ou ceux de
Nathalie Heinisch sur le roman à l’enseignement du français ?

Comment introduire la thématique en mathématiques, en sciences physiques, en géographie, en arts plastiques etc . ?

Les communications pourront traiter d’exemples pratiques en classe, de construction de séquences pédagogiques, des programmes, des supports pédagogiques. Elles concernent toutes les disciplines enseignées et tous les niveaux d’enseignement, du primaire au supérieur.

Genre et orientation

Filles et garçons ont des trajectoires scolaires différenciées
auxquelles succèdent des parcours professionnels différents. La
convention interministérielle de 2006 préconise de « permettre aux
filles et aux garçons de sortir de tout déterminisme sexué de
l’orientation, pour laquelle les aspirations et les compétences doivent prévaloir ». Différentes personnes s’occupent, à des degrés
divers, d’orientation au sein des établissements scolaires :
conseillères et conseillers-psychologues d’orientation, CPE,
professeur-e-s principaux. Comment intègrent-elles la dimension du
genre dans la mission qui leur est confiée ? Comment travaillent-elles
les rôles de sexe dans l’orientation ? Travaillent-elles ensemble ?
Quelle coordination entre elles ?

Des séances inscrites dans l’emploi du temps des élèves sont
consacrées à l’orientation. Comment y intégrer la dimension du genre ?
Qui s’en charge ? Quels contenus, quelles pratiques, quels outils
pédagogiques favorisent la sortie du déterminisme sexué de
l’orientation ?

Non-mixité et égalité, notamment dans les filières professionnelles

L’une des caractéristiques de l’enseignement professionnel est la non-mixité d’un grand nombre de filières (75% de filles parmi les jeunes issus des filières tertiaires aux niveaux CAP, BEP, Bac, BTS ou
DUT, plus de 80% de garçons parmi les jeunes sortis de formation industrielle de même niveau).

Cette non-mixité contribue-t-elle à reproduire les inégalités de genre ? Y a-t-il renforcement des stéréotypes de sexe ou existe-t-il une gestion de ces classes émancipatrice par rapport aux normes de genre ?

Que deviennent garçons et filles dans une orientation atypique à leur
sexe ? Quel est le bilan de leur insertion professionnelle (parcours,
conditions d’emploi, salaires) ? Y a-t-il persistance ou atténuation
des inégalités de genre ?

Qu’est-ce qui animent ces jeunes, relativement rares, à sortir des
schémas traditionnels ?

Genre et technologies de l’information et de la communication (TIC)

Les établissements scolaires sont de plus en plus souvent équipés en nouvelles technologies et celles-ci sont de plus en plus utilisées en
cours avec les élèves. Un CIIEE se met en place pour tous les élèves.
Par ailleurs, filles et garçons n’ont pas le même usage de
l’ordinateur domestique et les filles sont très minoritaires dans les
études d’informatique et télécommunication-réseaux (cf travaux
d’Isabelle Collet).

Filles et garçons ont-ils le même usage en classe des TIC ? Si oui,
est-ce porteur d’une modification des représentations liées à
l’informatique et aux informaticien-ne-s et donc de l’orientation vers
ces filières ? Si non, ces différences sont-elles porteuses
d’inégalités futures ? L’usage des TIC modifie-t-il les interactions
professeur-e/élève dont on sait qu’elles varient selon le sexe de
l’élève ? Quel est le rôle de l’enseignant-e par rapport aux
éventuelles différences sexuées ?

Sont attendues des communications portant sur les usages sexués des TIC en classe et ses conséquences sur la construction des identités de genre et des représentations des métiers, sur la prise en compte de cette problématique par les enseignant-e-s, sur des projets
pédagogiques intégrant cette dimension et leur expérimentation en
classe.

Genre et gestion de classe

Former les jeunes enseignant-e-s à l’égalité filles garçons semble
dérisoire pour certain-e-s face aux problèmes importants qui se posent
aujourd’hui à l’école : la violence, l’échec scolaire, l’illettrisme.

Pourtant, les violences scolaires sont majoritairement masculines,
l’échec scolaire concerne plus les garçons que les filles.
L’illettrisme est également du genre masculin.

La réflexion sur la question des rapports sociaux de sexes au sein de
l’école ne semble donc pas superflue.

Sont attendues des communications portant sur la gestion pédagogique et didactique de la différence des sexes à l’école.

Genre et politiques éducatives :

Après le lent détachement de l’emprise des religions sur
l’enseignement et l’éducation, avec la montée du processus de
démocratisation depuis la fin de la première guerre mondiale, l’école
républicaine s’est donné un objectif d’égalité face aux savoirs et à
la réussite scolaire. Aux établissements séparés pour filles et
garçons, a succédé en 1975 la mixité des établissements, permettant
aux élèves de partager les mêmes espaces du savoir et de bénéficier
des mêmes dispensateurs de ce savoir institutionnalisé. Cependant ce
système devenu quasi-uniforme reste inéquitable et ne répond plus
qu’imparfaitement à ses valeurs fondatrices en tension avec une
société qui tend à unifier toutes relations sociales en rapports
d’ordre marchand faisant fi de solidarités familiales, fraternelles,
citoyennes . Avec l’individualisme grandissant s’ouvrent les jeux de
la concurrence qui transforment tout dialogue avec l’autre en violence
potentielle. Dans quelle mesure les politiques éducatives récentes
visant à lutter contre toutes les formes de discriminations, ont-elles
porté leurs fruits ? Comment la montée en puissance de groupes
communautaires a-t-elle remis en lumière les rapports homme - femme
dans l’espace public, la mixité contestée à l’école, les débats sur la
laïcité, fondement de l’école républicaine ? Des mouvements dits de
co-éducation pour lutter contre la violence de genre répondraient-ils
en France à l’acquisition du respect mutuel des filles et des garçons ?

Les communications attendues porteront sur la relation d’expériences
de classe en Education Civique ou ECJS, ou de dispositifs ayant pris
en compte le dialogue entre les genres. Elles pourront relater la
volonté de parité dans les responsabilités au sein des EPLE, tant dans
la communauté éducative que dans celle des élèves, les projets
interdisciplinaires de prévention des discriminations avec
différenciation des apprentissages par exemple. Mais aussi la
réflexion sur la manière de définir et mettre en ouvre les politiques
publiques : comment contourner les effets d’annonce, de communication,de primauté des impératifs budgétaires pour respecter la loi constitutionnelle et la faire vivre ? Des expériences d’évaluation de mise en ouvre à l’échelle de la classe, de l’établissement seront bienvenues.

Les communications sont à proposer avant le 1er septembre 2010

Résumé (une quinzaine de lignes) à adresser à :
martine.rey@toulouse.iufm.fr ou jo.costes@free.fr

Date de notification d’acceptation aux auteur-e-s : 30 septembre 2010

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